Numéro

Six

Monoblog

Le tractopelle Caterpillar 428B

 

Le tractopelle est un tracteur comportant à l’avant un chargeur et à l’arrière une pelle, couramment appelée rétro ou pelle rétro. Le 428B est un tractopelle de marque Caterpillar, la Rolls des engins de chantier. Toutefois Caterpillar n’a pas inventé le tractopelle. Ce privilège revient à Case, dans les années cinquante, pour le premier engin commercialisé, voire à JCB pour le premier prototype. Caterpillar arriva tardivement sur ce marché dans les années quatre-vingt. Dix ans plus tard, une légende prétend que le constructeur remporta un important appel d’offre pour les camps pétrolifères de Bakou. Ce succès fut l’opportunité de concevoir le 428B, qui pris naturellement le surnom de Baku.

Le 428B est un modèle charnière. C’est le dernier tractopelle Caterpillar à commandes purement hydrauliques, sans manettes aux accoudoirs ni électronique embarquée. Les deux commandes mécaniques deux axes sont directement reliées au répartiteur hydraulique. Sa fiabilité et sa maintenabilité sont donc hors de pair. C’est également l’un des derniers modèles de cette marque avec un seul vérin central pour la rotation du chargeur, dans la lignée historique des gros chargeurs Caterpillar. Le 428B est un tractopelle de classe moyenne, pesant à vide environ huit tonnes.

Le conducteur, bien assis dans sa cabine protégée FOPS (anti chute d’objets) et ROPS (anti retournement), est assez haut pour voir le toit d’un gros utilitaire. Un tractopelle est donc une brouette géante, une pelle polyvalente mais également une tour de contrôle.

Les commandes du 428B sont agréablement distribuées entre une console centrale, autour du volant et d’une console latérale, à droite, à l’instrumentation fournie et fonctionnelle. Un chauffage est prévu pour l’hiver et un ventilateur est disponible pour l’été. Le siège est confortablement suspendu et la vision périphérique et latérale basse est excellente. De puissants projecteurs autorisent le travail de nuit tandis qu’un gyrophare orange permet le déplacement sur route. Le 428B est généralement doté d’un chargeur quatre-en-un (charger, repousser, niveler et remblayer), aussi appelé godet drop. Ce chargeur se comporte comme un chargeur droit, s’ouvre en son milieu mais également, grâce à des fourches pliées à froid, comme un chariot-élévateur.

Un quatre cylindres Caterpillar Perkins type 3054 turbocompressé de 4,4 litres, 82 chevaux et 400 N.m à 1350 tours, couplé à une pompe hydraulique anti coup de bélier et un convertisseur ZF entraînant les quatre roues motrices sont les principaux éléments de la motorisation.

L’entretien d’un 428B est similaire à celui d’un avion : préventif. Des opérations d’entretien et de maintenance sont prévues tous les jours, semaines, mois, trimestres, semestres ou années ou toutes les 10, 50, 250, 500, 1000, 2000 et 3000 heures. Le graissage est l’opération d’entretien la plus courante. Un peu moins d’une centaine de graisseurs sont disponibles pour graisser paliers, axes et autres pièces devant être journellement lubrifiées.

L’usage d’un 428B est similaire à celui d’un avion : une erreur de pilotage peut tuer, endommager ou détruire le tractopelle ou son environnement. Elle peut blesser ou  tuer le conducteur lui-même ou les personnels aux alentours, détruire les abords ou les matériaux transportés. Sur un sol inégal ou par une mauvaise manipulation, il est très facile de renverser un tractopelle de huit tonnes utilisé en chariot-élévateur avec une charge d’une tonne. Il est aussi aisé d’endommager ou de détruire son environnement en milieu confiné. D’une manière générale, il est difficile de faire respecter une distance de sécurité aux personnels environnants qui, à tort, ont confiance dans le conducteur d’engin. Non seulement ce dernier est faillible mais le matériel l’est aussi : une anomalie dans le répartiteur hydraulique ou dans un clapet de sécurité peut avoir des conséquences dramatiques.

Tout engin de chantier est dangereux. Une simple bétonnière peut démembrer et tuer son utilisateur. Les travaux de voirie, de réseaux et du bâtiment sont techniques, passionnants, pénibles et parfois handicapants ou létaux. Il faut toujours garder ce dernier point à l’esprit.

En pratique, le Caterpillar 428B est un matériel fonctionnel, compact et puissant. Il peut soulever plus de deux tonnes à bouts de fourches sous élingues, transporter sans effort les deux tonnes et demi d’un mètre cube de béton dans son godet quatre-en-un mais également, avec un bras de grue de cinq mètres monté à la place d’un godet de pelle rétro, placer sans verser une charge d’un quart de tonne en déport latéral maximal, à plus de quatre mètres de haut et quatre mètres de déport, ce qui est très pratique pour la mise en place de poutrelles, de pannes bois ou de charpentes.

Maîtriser en toute sécurité un tel engin demande un millier d’heures environ. Le cap  délicat se situe souvent autour des cinq cents heures : le conducteur croit connaître toutes les possibilités et réactions de sa machine. Il est donc important, passées les premières heures de formation, de mettre l’apprenti conducteur dans des situations démontrant les pièges d’usage les plus courants, qui ne sont pas tous évidents, voire contre-intuitifs.

Une fois acquise et consolidée par la pratique, la manipulation d’un tel engin, et en particulier de sa pelle rétro, même après des années sans pratique, ne s’oublie jamais.