Les réseaux sociaux existaient bien avant les humains. Demandez aux fourmis, corbeaux ou poneys. Les animaux actuellement dominants ne pouvaient également se suffire de la grotte, taverne, section politique ou amicale sportive.
La nécessité de créer du lien et de constituer des réseaux est commune à beaucoup d’espèces. La nôtre semble sans cesse à l’affût d’un autre monde, d’un nouveau territoire, d’un village inexploré, qu’il soit réel, virtuel ou imaginaire.
En fouillant le passé, une éternité derrière nous – soit le siècle précédent – ce qui n’avait pas encore de nom et se francisera par CiBi ou sur les réseaux d’avant Internet, tels les légendaires BBS.•Les BBS, ou Bulletin Board System étaient des serveurs individuels qui proposaient des forums de discussion et des fichiers en téléchargement. qui utilisaient les lignes téléphoniques à fils de cuivre, une jeune génération de grand-pères expérimenta les premiers réseaux sociaux électroniques.
Alors Internet vint. Le temps que la nature humaine prenne la mesure du nouveau terrain de jeu ; les faces de boucs, linquedingues et autres gazouilleurs historiques avaient pris leurs marques.
Ce fut la ruée générale, suivie pour la forme d’un ultime soupçon de défiance. Mais l’addiction avait pris. Leurs remplaçants seront dans nos têtes, puis dans nos gènes. Toute discussion sur la probabilité de cette évolution est fascinante d’illogisme.
Toutefois, la question se pose encore ici, par principe et sans illusion, à titre d’exercice.
Avec l’idée de tenter une Dégafamisation sanitaire de zarnawak.fr, j’ai vaguement expérimenté Mastodon et Diaspora, deux équivalents libres et décentralisés – parmi d’autres – de Twitter et Facebook.
Mastodon fut joliment présenté comme Twitter sans les Nazis mais les choses sont désormais plus compliquées que ça. Comme tout système décentralisé, il appartiendra au responsable de l’îlot.•Pod selon la terminologie officielle ou simplement le serveur qui héberge Mastodon. Mastodon sur lequel vous êtes connecté de vérifier si vos pouets•Toots en anglais. sont raisonnables, respectueux, censés, bienveillants pour les chatons et bons pour la planète.
Autant dire que ce responsable légal sera attentif et, par la force des choses, un digne supplétif de la censure. L’expérience démontre aussi que ces micro-pouvoirs séduisent souvent les personnalités les moins aptes à les exercer.
Il y a pourtant un équilibre à trouver entre la haine et la pensée molle.
Diaspora est également un îlot d’échanges contrôlé par son administrateur. Il semble affecté d’une diffusion et d’une recherche de l’information entre les îlots assez perfectibles ; sauf erreur d’utilisation de ma part, vous ne suivez que les messages de votre îlot et les tags pour un même sujet diffèrent d’un îlot à l’autre.
En définitive, ces deux solutions (presque) nouvelles, réinventent des fonctionnements qui ont (presque) un demi-siècle :
- Au sein du réseau, la diffusion de l’information entre les îlots est soumise à la censure (liste noire d’îlots) ;
- Au sein de l’îlot, la censure reste à discrétion du maître de l’îlot.
Mastodon et Diaspora sont des BBS 2.0, sans les fils de cuivre.
Pour régler le problème de la censure et de la responsabilité avec une élégance théorique, la technologie torrent.•Torrent relie directement les internautes sans que leurs données transitent par un serveur central. Internet était initialement destiné à fonctionner de façon décentralisée. autoriserait les participants à devenir leurs propres îlots, non censurables mais, en contrepartie, uniques responsables légaux de leurs propres écrits.
Toutefois, la loi – à l’usage des faibles – étant dictée par les puissants, il faudrait s’accorder sur une définition éthique de la légalité.
En attendant, les réseaux sociaux libres sont actuellement sous-employés, perfectibles et tout autant sensibles à la censure que leurs pendants commerciaux.
Sans changement de paradigme et malgré l’évolution des techniques, la liberté d’expression sur les réseaux sociaux libres ou commerciaux reste sous le contrôle de l’arbitraire.
